Ouest France mars 2023
« En mer, on se sent libre » : à 16 et 18 ans, Andy et Cléo veulent devenir marins-pêcheurs
Alors que la profession de marin-pêcheur connaît une crise de vocations, eux n’ont aucun doute : ils seront à bord d’un bateau. À 16 ans et 18 ans, Andy Rabiller et Cléo Rivallin sont tous les deux étudiants à l’école des pêches des Sables-d’Olonne (Vendée). Ils expliquent leur passion.
Fils de marin-pêcheur, Andy Rabiller, 16 ans, a choisi la même voie que son père. Il espère devenir capitaine de bateau. | OUEST-FRANCEVoir en plein écran
Les mains s’agitent frénétiquement d’un filet à l’autre où de rapides bruits métalliques en sortent. Pourtant, pas de flots à l’horizon. Ici, une poignée d’étudiants en première année de CAP remettent en état des filets, parfois défaits par les avaries, dans une des salles de classe de l’école des pêches des Sables-d’Olonne (Vendée).
Parmi eux, Andy Rabiller et Cléo Rivallin, 16 et 18 ans. Originaires de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, ces deux copains ont les pieds dans l’eau depuis tout petit et aujourd’hui, alors que le métier de pêcheur subit une crise des vocations, ils n’ont aucun doute : ils seront matelots.
Un pied en cours, l’autre en mer
« En mer, on se sent libre. Ça n’a rien à voir sur terre », lâche le premier, conquis par la discipline. Andy Rabiller a vogué très tôt vers le lycée maritime de La Rochelle. Cléo Rivallin, lui, a d’abord tenté un CAP menuiserie, avant de revenir vers ce qu’il connaissait depuis gamin.
Cléo Rivallin a d’abord opté pour des études en menuiserie, avant d’entamer son CAP maritime aux Sables-d’Olonne. | OUEST-FRANCE
« Je passais mes vacances avec ma mère sur le bateau », se rappelle-t-il. Cette année, ils sont sept dans la même promotion. Un chiffre qui dénote, même si tout le monde en convient, « c’est un métier qui ne plaît pas à tout le monde », souligne Cléo Rivallin. Preuve en est, dans sa formation en menuiserie, « on était au moins 10 de plus qu’ici », appuie-t-il.
Reste que le quotidien change un peu. Depuis la rentrée, « cela nous arrive de partir une semaine en mer », lâche Andy Rabiller, mieux en bottes qu’en baskets. « Je déteste être assis », ajoute-t-il. Une fois à quai, l’enfant du coin n’est d’ailleurs jamais très loin du port.
Et le téléphone ? Pas vraiment sa tasse de thé. Cela tombe bien, en mer, « on ne capte plus rien à une heure des côtes », s’amuse le jeune mousse qui a de quoi bien s’occuper à bord.
« On surveille l’horizon, on aide à faire à manger, on lave le bateau, on l’entretient, liste-t-il. Il y a toujours quelque chose à faire. La nuit, après, on dort dans les couchettes du bateau », complète l’adolescent qui l’admet : il ne ferme les yeux « que quelques heures ». Car il faut tout de suite penser à la pêche : soles, encornets, thons, sardines, « c’est du 24 heures sur 24 », lâchent les étudiants, inquiets de ne pas voir plus de navires dans l’eau.
Les aléas
À Saint-Gilles, leur port d’attache, « le nombre de bateau baisse considérablement. À l’époque de mon père, il y en avait 50, maintenant, ils ne sont plus que 7 ou 8 », interpelle Cléo Rivallin. Dans le viseur aussi, les salaires parfois négatifs et les accidents tragiques au large.
Fin janvier, un marin-pêcheur a perdu la vie à 11 milles nautiques de l’île de Ré. « Il faut toujours y penser, même si finalement, la mer est la plus forte », plante Andy Rabiller qui évoque la loi des quotas et les dauphins attrapés dans les filets des chalutiers. « Si on pouvait ne pas les pêcher, on le ferait ! », cingle-t-il. Mais pas de quoi baisser l’entrain des deux amis.
Tous les deux espèrent devenir capitaine de leur propre bateau. Comme leurs pères. Et « ceux qui veulent devenir pêcheur, il ne faut pas hésiter. C’est un métier passionnant ».
Source : Ouest-France